12 avril 2002
Déclaration en réaction au discours
de Lionel JOSPIN
l'écologie
humaniste communique
De la part de Ecologie Bleue &
Fondation Concorde
Contacts
pour Ecologie Bleue, Patrice Hernu (06.79.71.35.73)
pour la Fondation Concorde, Antoine-Tristan Mocilnikar (06.20.85.60.89) ou
Nathalie Kosciusko-Morizet (06.70.61.65.36)
Le 12 avril 2002
Le discours que vient de
prononcer Lionel Jospin à Mulhouse illustre les impasses environnementales
auxquelles l’accord Vert - Rose le condamnera demain comme il explique le
bilan très négatif des cinq années écoulées qu’il n’a pu complètement
masquer.
C’est
une impasse sur la gestion locale de l’environnement
La gauche parle beaucoup
d’écologie mais quand il s’agit de passer aux actes, contrairement à ce
que prétend Jospin, elle est nettement moins prolixe. Faites ce que je
dis, pas ce que je fais. Si un domaine se prête à cette maxime désormais
célèbre, c’est bien l’écologie urbaine.
Si
le terme de « politiques audacieuses et courageuses en matière d’écologie
urbaine » signifie urbanisme de masse, imposé, plaqué, sans prendre en
compte le passé d’une ville et ce qui fait sa spécificité. L’écologie
urbaine ne se décrète pas, elle se vit. Lionel JOSPIN propose des
solutions qui sous couvert de proximité prolonge en fait le modèle
productiviste. La dimension citoyenne de l’aménagement du territoire est
oublié. Il oublie que la première mission de l’écologie urbaine est de
répondre aux aspirations des habitants qui, eux, vivent la ville au
quotidien.
Les « agendas 21 », outil d’expérimentation du développement durable au
niveau territorial, ont besoin d’un cadre contractuel nouveau. Ses
propositions ne vont pas dans ce sens et prolongent le constat actuel :
-
les villes communistes
sont les plus hostiles à la qualité de vie, lorsque la droite reprend le
manche, le cadre de vie s'améliore nettement comme l’illustrent bien les
cas d’Amiens ou de Bourges.
-
les socialistes
pratiquent un environnement sans concertation. Ils abusent du décret :
Paris avec les couloirs de bus, Rennes avec un métro sans doute
pharaonique.
C’est
une impasse sur la politique énergétique en général et le nucléaire en
particulier
Sur le nucléaire, Jospin
ne dit rien de clair. Il en parle de manière générale sans répondre aux
vraies questions :
-
Que ferez-vous pour que
vive le débat démocratique sur les questions nucléaires et en
particulier sur le devenir des déchets ultimes, pour préparer le
rendez-vous du Parlement prévu en 2006 ?
-
Que choisirez-vous de
laisser aux générations futures en matière de déchets ultimes à vie
longue (plusieurs milliers d'années) ?
-
Etes-vous favorable au
stockage des déchets ultimes en couche géologique stable et profonde de
manière réversible ? Préférez-vous le stockage en sub-surface ? Si oui
comment garantissez-vous la surveillance de ces déchets ultimes au cours
des siècles ?
-
Etes-vous favorable à
l’utilisation dans les centrales nucléaires de combustible incorporant
des déchets recyclés (Mox) et à une extension de leur utilisation de
façon à limiter le stock de plutonium ?
-
Etes-vous favorable au
retraitement pour trier les déchets entre les recyclables et les ultimes
? Si oui dans quelles conditions et pour quels usages ?
-
Etes-vous favorable au
remplacement des centrales à partir de 2017 ?
-
Etes-vous, comme votre
ministre de l'industrie Christian Pierret, favorable à la construction
d'un démonstrateur du réacteur européen EPR ? Si oui, sur quel site ?
Pourquoi ne répond t-il
pas ? Parce qu’il est soumis au chantage des verts et à des calculs
électoraux.
Son discours prépare en
contrepoint les arrangements du second tour qu’on s’apprête à passer dans
le dos des français. Il est indigne d'un postulant chef d'Etat de soumettre
l'avenir énergétique français à des calculs électoraux ; il est indigne
d'un postulant chef d'Etat de jouer l’avenir du pays à la roulette du
score que feront les Verts au premier tour.
La sortie
progressive mais impossible du nucléaire telle qu’il s’apprête à la
négocier en sous-main avec les Verts et telle qu’il la contrariera
en trompe-l’œil dans les faits parce que la France ne peut rompre ses
engagements pour Kyoto, aboutira à ce paradoxe déjà à l’œuvre : la France
se privera du nucléaire propre et optera pour les solutions les plus
dommageables.
Dans le même temps, les
efforts de recherche et les systèmes d’encouragements pour des énergies
renouvelables complémentaires sont insuffisants et continueront de
maintenir la France en position de lanterne rouge de cette industrie.
Le centre et la droite
exigent unanimement des énergies à impact minimal sur le climat qu’il
s’agisse du nucléaire responsable, propre – c’est possible si on en donne
les moyens -, transparent et économique ou des énergies complémentaires.
C’est une impasse
quant aux méthodes d’intervention publique
Lionel Jospin confirme sa
réticence à mettre en place des mécanismes de marché par le moyen
d’agences indépendantes et cogérées par les acteurs et les citoyens,
permettant d’ évaluer les effets nuisibles des activités et, ensuite, de
les réguler grâce à des contrats d’objectifs. Il propose des approches
trop régaliennes que n’osent même plus privilégier les Verts. Comment
internaliser les biens collectifs sans mécanisme de marché ou mécanisme
participatif ? Les taxes sur les pollutions, telles qu’elles sont
envisagées, ne sont que des droits à polluer.
C’est une impasse sur
les structures politiques
Lionel Jospin se félicite
d’avoir laissé aux « verts » une juste place pour l’écologie. C’est
dramatique. Les verts sont des intégristes de la contestation, ils aiment
à confondre les sujets, tissent des liens étranges entre les pollutions et
les problèmes liés aux sans papier, le droit au logement, la lutte
anti-mondialisation ou la drogue. Ainsi les jeunes verts ont sorti un trac
"un pétard et ça repart". Où est l'environnement dans ces causes ?
Ce
partage des rôles a une conséquence. Quand les verts se trompent, c’est
toute la gauche plurielle qui se trompe sur l'environnement !
A droite et au centre
rien de tel. Les grands acteurs de la droite et du centre ont montré qu'il
était d'accord sur les questions essentielles de l'environnement. Ainsi, à
Paris, le 9 avril 2002, lors du colloque fondation Concorde - Ecologie
bleue, les spécialistes de l'environnement du RPR, de DL, du parti
radical, de l'UDF et de différents groupes de réflexion, ainsi que des
proches de Dumont, Lalonde et Lepage, ont confirmé que leurs vues étaient
proches et ont créé un groupe de travail commun pour faire vivre une
écologie qui doit traverser tous les courants et non s’opposer en
permanence et stérilement à ceux-ci.
C’est
une impasse sur l’évolution du Ministère de l’Environnement.
Lionel Jospin propose
d’instituer un ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles,
doté de moyens accrus, d’un périmètre élargi et de responsabilités
étendues. Un vrai et grand ministère de plein exercice. Il ne fait que
reprendre les propositions de François Bayrou ou de Jacques Chirac tout en
restant flou d’une part et sans vouloir d’autre part mettre en œuvre les
mécanismes de régulation qui, demain, pourront donner à l’idée d’un
développement plus durable, des outils pour l’action et une administration
qui lui soit propre.
L’écologie doit être
universellement partagée et non fait l’objet d’une répartition politique
sectorielle.

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